Vivre dans l'inachevé
Schubert a laissé une symphonie célèbre qu'on appelle L'inachevée. La première idée qui nous vient, c'est que c'est la mort qui a suspendu le travail du musicien. Pas du tout: c'est la beauté. Les deux premiers mouvements de la symphonie sont si beaux que Schubert n'a jamais réussi à en écrire une troisième qui ait pu lui paraître digne d'être la suite des deux premiers. Et il a eu la force de laisser cette oeuvre inachevée plutôt que de l'abîmer.
Nos œuvres à nous sont souvent aussi bien commencées. On commence une belle histoire d'amour, après quoi on la massacre. Notre œuvre n'est pas l'inachevée mais la massacrée.
On devrait toujours agir de telle sorte que ce que nous sommes en train de faire mérite d'être un jour achevé, s'il le faut, par Dieu Lui-Même.
Source: Philippe Zeissig, Ed. ouverture